FAUBOURG

À une certaine époque, je vivais en ville.

Dans cette ville, un quartier serait détruit. Personne ne savait encore quand. Restructuration urbaine. Modernisation.
Je traversais ce quartier tous les jours. Je débutais dans l’apprentissage de ma photographie. Je m’intéressais aux bâtis.
Promis à la destruction. Déjà à l’abandon. Manœuvres.
Je les photographiais.
Je croisais aussi des personnes. Nombre d’entre elles me fascinaient. M’attiraient. Visuellement. Humainement.
Je décidais de m’adresser à elles pour les photographier.
Comme ça. Ici. Dans la rue.
Photographier des inconnus. 
Évident ni pour le photographe, ni pour les passants.
Incongru. Pardon ? Pourquoi ?
– vous êtes beau, il se passe quelque chose je crois. La lumière. Vous. La rue.
Je photographiais ainsi sans rien construire de précis. J’étais perdu dans un récit hors de contrôle. Je m’orientais par ma seule intuition.
Je photographiais donc, les bâtiments, et les personnes qui animaient quelque chose chez moi. Un peu exceptionnelles. Peut-être pas.
Les traces du passé.
Sur les façades. Sur les visages.
C’était il y a longtemps déjà.

Aujourd’hui, la plupart des bâtiments ont été détruits.
En revenant, je ne croisais aucune des personnes que j’avais photographiées.